« Le judo de l’ASM a 60 ans » – Rencontre avec Jean SAURAT, le papa de tous les judokas

« Le judo de l’ASM a 60 ans » – Rencontre avec Jean SAURAT, le papa de tous les judokas

En 2023, la section judo 💛💙 fête ses 60 ans. Pour célébrer cet anniversaire, nous vous proposons des interviews de judokates et judokas qui font et ont fait l’histoire de notre sport 🥋 à l’ASM. Ils sont professeurs, anciens judokas, officiels, bénévoles, dirigeants ou simples pratiquants. Ils ont accepté de témoigner en toute simplicité. De belles histoires seront à découvrir tous les mois.

Pour ce neuvième rendez-vous partons à la rencontre de Jean Saurat, le papa de tous les judokas !

Il est interviewé par Christelle Vialis, référente communication à la section judo.

Au cours de ce premier épisode, Jean revient sur son parcours de judoka et sur les personnes qui l’ont profondément marqué, dont son papa…

 I.  Peux-tu te présenter ?

Je suis né à Clermont-Ferrand, il y a 74 ans.

Toutefois, une petite cigale sommeille en moi. En effet, j’ai 50 % de sang provençal qui coule dans mes veines côté paternel. Côté maternel, c’est plus dilué avec pour moitié le Beaujolais et l’autre moitié la Côte-d’Or.

Nous étions trois frères et trois sœurs. Je suis le deuxième de la fratrie.

J’ai été marié deux fois. De mon premier mariage, j’ai une fille qui m’a donné 3 petits-enfants, dont deux sont mariés maintenant et ma petite fille mariée, m’a fait arrière-grand-père d’un petit garçon. Il faut dire que j’ai pris un peu d’avance en étant grand-père à 38 ans !

De mon deuxième mariage, j’ai aussi une fille qui enseigne l’équitation et qui m’a donné un petit-fils.

Aujourd’hui, je suis donc 4 fois grand-père et 1 fois arrière-grand-père !

Mon épouse et moi habitons dans les Combrailles, dans une vieille maison que nous continuons de rénover depuis 30 ans.

 

II.  Que fais-tu aujourd’hui ?

Je suis à la « retraite » depuis 2006, après avoir passé 40 ans à la Manufacture Michelin. J’ai eu la chance d’y exercer différentes fonctions et de gravir plusieurs échelons qui m’ont permis de terminer comme technicien.

Je continue de faire un peu de Judo. Je m’intéresse à beaucoup de choses, notamment la généalogie que j’ai débutée il y a quelques années.

Cependant le plus important pour moi, c’est la famille. Et sans avoir ‟ la main verte″, je cultive l’art d’être grand-père !

 

III.  Quand et comment es-tu arrivé au sein du club de l’ASM ?

En 1949, mon père, sportif dès son plus jeune âge, a vu une publicité dans l’autobus, concernant l’ouverture du premier Club de Judo en Auvergne et précisément à Clermont-Ferrand. Il s’est inscrit à ce Judo Club d’Auvergne.

Le Dojo était dans l’arrière-salle d’un bar situé dans la rue des Gras vers la Cathédrale. Le professeur était Monsieur Laurent-Joseph GAZET, qui a été embauché peu après comme dessinateur dans l’entreprise de maçonnerie SAURAT et FILS, l’entreprise familiale ! C’est comme cela que je l’ai connu.

J’étais tout gamin… Je me souviens qu’il me faisait monter dans sa 4 cv pour m’amener faire un tour de voiture jusqu’au portail de l’entreprise. À l’époque, c’est lui qui m’a donné le surnom ‟Jeannot″.

Souvent, mon père me disait de venir avec lui au Judo, sans succès. Après avoir pratiqué l’escrime, le foot, le basket, le handball, le volley, la gym et l’athlétisme, je me suis enfin tourné vers le judo. C’était en 1965. J’avais 17 ans.

En 1963, le Dojo du Judo Club d’Auvergne, étant devenu trop exigu devant l’importante augmentation des licenciés, avait trouvé refuge au sein de la section lutte de l’A.S.M. C’est donc naturellement, que je suis allé voir Monsieur GAZET, lorsque j’ai décidé de m’inscrire au Judo, il y a 57 ans.

 

IV.  Peux-tu nous décrire ton parcours à l’ASM ?

Le fait d’avoir pratiqué beaucoup de sports avant de faire du judo, m’a aidé à progresser rapidement : ceinture blanche le 15 janvier 1965, ceinture bleue 1 an plus tard, puis Ceinture Noire 1er Dan le 15 octobre 1972.

Enfant timide de nature, ou trop bien élevé, j’avais du mal à m’exprimer en tant qu’individu. Pour moi, à l’époque, c’était plus rassurant de pratiquer un sport par équipe.

Puis je suis rentré dans la ‟vie active″ : un travail chez Michelin et un mariage. Cinq ans plus tard, nous nous séparions. Ce fut un véritable cataclysme dans ma vie. Heureusement, le judo m’a tenu ‟dans ses bras

Quand j’ai débuté, je n’avais pas l’ambition de devenir enseignant. Mais Monsieur GAZET nous avez confié quelques interventions dans les cours. Je parle de Paul SUCAT et quelques autres combattants.

En 1973, quand Michel PEGART est arrivé à l’ASM, il a vu, probablement, mon désarroi et ma disponibilité. Michel nous a alors confié, à Paul SUCAT, à Michel LE NAVIOSE et à moi-même, la responsabilité de certains cours. Il nous a également incités à préparer le Brevet d’Etat de Professeur de Judo et Discipline associées.

J’ai obtenu mon diplôme d’enseignant en 1976. À partir de ce moment-là, ma vie a été rythmée par le Judo avec toujours le souci de faire le mieux possible et d’être digne des responsabilités qui m’ont été confiées. J’ai, probablement, fait passer le Judo avant la famille.

Je suis actuellement Ceinture Noire 4e Dan.

 

V.  Quel professeur t’a le plus marqué à l’ASM ? Et pourquoi ?

Depuis 1963, il y a eu environ 35 professeurs de judo à la section. Et nous en avons formé une quarantaine. Chacun d’entre eux avait des compétences ou des aptitudes particulières. Mais celui qui synthétise toutes ces qualités c’est Michel PEGART : excellent technicien, très bon pédagogue, organisateur et meneur d’hommes.

Homme d’écoute et de confiance, il sait aussi prendre du recul, continuellement se remettre en cause et prendre toujours la bonne décision. J’ai pour lui beaucoup d’admiration et de respect.

Comme l’a dit avant moi Serge LAMA dans une de ses chansons : « c’est mon ami et c’est mon Maître, c’est mon Maître et c’est mon ami ».

J’invite tout le monde à lire ou relire l’interview de Michel : (👉 https://www.asm-omnisports.com/judo/actualites/le-judo-de-lasm-a-60-ans-rencontre-avec-michel-pegart-notre-sensei-depuis-50-ans/ &

https://www.asm-omnisports.com/judo/actualites/le-judo-de-lasm-a-60-ans-rencontre-avec-michel-pegart-notre-sensei-depuis-50-ans-2/ )

 

VI.  Quels élèves t’ont le plus marqués ?

Au cours de ma carrière de professeur de judo, j’ai eu plus de trois mille élèves, dont 90 % étaient des enfants. Certains n’ont fait que passer dans la section, d’autres sont restés plus longtemps. Mais, tous, ont été mes enfants pour un temps. Il est donc difficile pour moi de faire émerger quelques têtes. Mais, il est vrai que pour certains, j’ai une tendresse particulière. Ils se reconnaîtront.

 

VII.  Tu nous as parlé de ton père, peux-tu nous en dire un peu plus ?

Ah, mon père !

J’avais et j’ai toujours un très grand respect pour papa. Il fut un exemple pour notre famille et pour moi. Non seulement un exemple de droiture, mais aussi mon étoile polaire. Il avait un regard acéré et une analyse pertinente sur tout, une insatiable curiosité. Tous les sujets l’intéressaient.

Couché à 20h00, debout à 5h00 pour sa séance de yoga qu’il pratiquait déjà avant ma naissance. Le matin, il était l’un des premiers au bureau au Service B chez Michelin.

Il avait un cadre de vie sain : jamais d’alcool, ni de tabac. Mon père était professeur d’Aïkido. Il a dû abandonner les tatamis pour des problèmes de vue à 94 ans. Il s’est alors inscrit au Tai-Chi.

Mais si vous lui disiez : « Papa, demain on part en Chine », il était prêt à vous suivre dans l’heure qui suit. Il nous a quittés en 2015 à l’âge de 96 ans.

Quelques mots ne suffisent pas pour parler de mes parents. Il faudrait en faire un livre !

 

L’épisode 2, retraçant les meilleurs souvenirs de Jeannot avec la section Judo de l’ASM et ce que représentent pour lui le code moral, la compétition, le bénévolat et le judo, sera publié le mois prochain.