Judo
« LE JUDO DE L’ASM A 60 ANS » – RENCONTRE AVEC JEAN SAURAT, LE PAPA DE TOUS LES JUDOKAS (2)
En 2023, la section judo 💛💙 fête ses 60 ans. Pour célébrer cet anniversaire, nous vous proposons des interviews de judokates et judokas qui font et ont fait l’histoire de notre sport 🥋 à l’ASM. Ils sont professeurs, anciens judokas, officiels, bénévoles, dirigeants ou simples pratiquants. Ils ont accepté de témoigner en toute simplicité. De belles histoires seront à découvrir tous les mois.
Nous poursuivons ce dixième rendez-vous avec Jean Saurat, le papa de tous les judokas !
Il est interviewé par Christelle Vialis, référente communication à la section judo.
Au cours de ce second et dernier épisode, Jean évoque ses meilleurs souvenirs avec la section Judo de l’ASM et nous dit tout sur ce que représentent pour lui le code moral, la compétition, le bénévolat et le judo
I. Peux-tu nous décrire tes meilleurs souvenirs avec le club ASM ?
J’ai une multitude de bons souvenirs, mais quelques-uns sont au sommet de la pyramide :
- Tout en haut, c’est le jubilé de Michel PEGART en 2003
En dessous ou à égalité peut-être :
- La remise du 7e Dan à Michel PEGART à Paris en 2004
- La réussite au 6e Dan de Philippe COULON en 2010 et Marcelin ROBALO en 2011
- La réussite au 5e Dan de Claude VIALIS en 2013
J’ai été plus heureux ces jours-là que lorsque j’ai moi-même changé de grade.
II. Que représente le code moral du judo pour toi ?
Le judo, comme l’a voulu son fondateur Jigoro KANO, est avant tout une méthode d’éducation, c’est-à-dire que la formation morale de l’élève doit se faire en même temps que sa formation technique et physique. Nous avons un peu tendance à l’oublier en ne voyant que le côté sportif de la discipline.
La Vie s’apprend en pointillé et il faut toute une vie pour en faire une ligne continue. Sur ce parcours semé d’embûches, il y a des codes et des guides pour faciliter le cheminement. L’obtention de la Ceinture Noire repose sur trois piliers importants :
Le SHIN (l’Esprit) GI (la technique) TAÏ (efficacité)
Triptyque indissociable mais à des ‟dosages″ différents suivant les grades et l’âge du pratiquant. Dans un art martial, c’est après avoir prouvé que l’on est ou a été efficace, GI et TAÏ, que le SHIN prend de l’importance (l’homme, sa formation, son rayonnement, son exemple). Le judoka, à plus forte raison Ceinture Noire, doit être irréprochable sur les tatamis et dans la vie.
III. Que représente le bénévolat pour toi ?
Pour moi la meilleure définition du bénévolat, c’est le chanteur Florent PAGNY qui l’a mise en lumière dans sa chanson « Savoir Aimer » :
« ……….Mais savoir donner
Donner sans reprendre
Ne rien faire qu’apprendre
Apprendre à aimer …….. »
Le bénévolat est une preuve d’amour. C’est aimer, donner, partager, être ensemble pour atteindre un même but, sans rien attendre en retour.
Le bénévolat rémunéré devient un travail et prend une autre dimension.
Par contre, notre société a tendance à profiter de ces bénévoles sans tenir compte du temps passé au service des autres. Le salaire du bénévole doit être le respect qu’on doit lui témoigner.
IV. Que représente la compétition pour toi ?
Je ne suis pas un fervent défenseur de la compétition, mais j’ai pourtant fait en sorte que mes élèves passent par cette étape hautement éducative. Outre le fait d’avoir des résultats sportifs et de remporter des titres et des médailles, qui sont finalement les buts d’une discipline sportive, c’est surtout le rôle éducatif de la prise en charge et le dépassement de soi-même exacerbé par la compétition qui est intéressant.
Lorsque vous êtes seul sur un tatami en face d’un adversaire qui veut la même chose que vous, quand l’arbitre dit ‟Hajimé″ (commencer), vous avez beau regarder autour de vous, personne n’ira combattre à votre place ! Il en est de même dans la vie de tous les jours.
V. Qu’évoquent pour toi les 60 ans de la section judo ASM ?
La section Judo et moi avons presque la même ancienneté. Un anniversaire sert à compter le nombre d’années passées mais permet également de faire un bilan provisoire.
En effet, cela permet de mesurer le chemin parcouru, de se remémorer les rencontres, les heures passées, les réussites comme les échecs. Ce qui permet de grandir.
Une citation que j’aime bien et que j’utilise souvent : « Partagez avec les autres ce que la vie vous a appris ; ils pourront profiter de vos succès comme de vos erreurs » (Confucius). Il suffit d’être honnête avec soi-même.
VI. Et les 111 ans du club ASM omnisports ?
J’ai une pensée profonde pour Marcel Michelin, ce visionnaire qui a compris avant les autres l’intérêt d’avoir une bonne forme physique pour ses employés. Il a su mettre les moyens financiers d’une entreprise au profit de l’homme.
À quand un musée A.S.M. ?
VII. Souhaites-tu nous dire autre chose sur la section judo de l’ASM ?
L’ASM Judo est l’héritière du Judo Club d’Auvergne, premier Club de Judo du Puy De Dôme, dont le pionnier, Monsieur GAZET est toujours licencié à la section à 95 ans !!
Notre section porte le poids d’une histoire qu’il serait dommage d’oublier. Nous pratiquons une discipline qui est avant tout une méthode d’éducation créée par Jigoro KANO en 1882, avant d’être une discipline sportive, ça également, il faut le garder en mémoire.
Pour terminer, c’est une grande aventure humaine, faite de sueur, de pleurs, de déceptions, et parfois de blessures, mais aussi de joies intenses et surtout d’amitiés.
VIII. Que représente le judo dans ta vie ?
TOUT !!
J’ai fait des rencontres extraordinaires, croisé des gens prestigieux, connu des moments magiques, j’ai des amis de cinquante ans.
Certes, j’ai toujours en moi cette timidité, mais je sais un peu mieux la dompter maintenant, et ça, je le dois au Judo.