Le Kendo en famille, portrait croisé d’Antonin et Léopold

Le Kendo en famille, portrait croisé d’Antonin et Léopold

Bien souvent on dit que l’on suit les traces de son père, parfois non ou peut être est-ce le père qui suit les traces de son fils, en tout cas cela est toujours.
Ce qui est certain c’est qu’Antonin (le père) et Léopold (le fils) ont chacun trouvé une discipline qui leur permet de se trouver-retrouver et de partager de bons moments ensembles.

Comment avez-vous découvert le kendo ?

[Léopold] : J’ai découvert le kendo au gala de fin d’année quand je faisais du judo à l’ASM en 2017.

[Antonin] : Je ne saurais dire comment j’ai découvert le kendo. J’ai pratiqué les arts martiaux pour la première fois quand j’étais enfant et j’ai toujours été attiré par le Japon et sa culture. Quand je suis arrivé en Auvergne, je me suis posé la question de faire du kendo en recherchant un club d’arts martiaux, mais sans donner suite. Par contre, quand Léopold m’a dit qu’il voulait faire du kendo, je n’avais aucune idée de comment il avait pu le découvrir.

Pratiquiez-vous un autre art martial avant ?

[Léopold] : Oui, je pratiquais le judo avant. J’en ai fait pendant plus de 3 ans.

[Antonin] : Adolescent j’ai pratiqué le taekwondo pendant plusieurs années. J’ai également fait un passage rapide au judo enfant et du Tai-chi-chuan étant étudiant. J’ai surtout commencé le Yoseikan Budo il y a plus de 10 ans en arrivant en Auvergne. Je pratique toujours, mais beaucoup moins, seulement quand les aléas de la vie de famille et professionnelle me laissent le temps d’y aller.
Je dirais que cela m’aide, notamment pour l’état d’esprit et sur l’approche des techniques. Par contre, en plus d’apprendre les nouvelles techniques du kendo, je dois changer toute ma posture et mon approche des combats notamment. Il est plus difficile de « désapprendre » que d’apprendre. Le kendo est très frontal et très droit alors que le yoseikan peut être plus en rondeur et est plus divers dans les techniques. La position des pieds est très différente. En kendo, on est plus faible quand on se déplace surtout quand on recule alors qu’en « pied-poing », on se déplace toujours pour être moins vulnérable et sur des techniques types aïkido, on peut justement reculer pour attirer l’adversaire et profiter de son avancée pour utiliser sa force.

Qui a commencé à pratiquer le kendo en premier, le père ou le fils ?

[Léopold] : C’est moi qui ai commencé à faire du kendo il y a deux ans.

[Antonin] : Léopold ! Je l’ai emmené à l’entraînement la première fois l’année dernière quand il avait 8 ans, après avoir demandé s’il pouvait essayer malgré son jeune âge. Le cours était « mixte » adulte / enfant, le senseï m’a dit que je pouvais essayer. En effet, je me suis dit que quitte à l’amener autant rester m’entraîner avec lui. La semaine d’après, j’ai suivi le cours et j’ai tout de suite accroché. En décembre, j’ai demandé pour Noël une armure et mon équipement sachant que j’allais poursuivre pour de nombreuses années. Pour information, le club prête des armures au début donc vous avez tout le temps d’être sûr de pratiquer avant d’acquérir votre matériel.

Qu’est-ce qui vous attire dans la pratique du kendo?

[Léopold] : J’aime bien le fait de porter une armure et d’avoir une épée et les senseis qui sont drôles et sympas. J’aime bien les techniques des katas, ça m’entraîne à faire des combats. On discute et on rigole pendant tout le cours.

[Antonin] : C’est tout un ensemble d’éléments qui m’attire dans la pratique du kendo. Déjà l’intensité des entraînements qui permet de se défouler, associé au plaisir lors des oppositions (ji geiko). C’est un art martial dans lequel on peut s’engager pleinement grâce à l’armure. C’est notamment suite à plusieurs blessures au Yoseikan que j’ai voulu aussi essayer un autre art martial.
On peut se prendre pour un jedi. D’ailleurs, il existe un documentaire d’ESPN montrant comment le kendo a été la principale source d’inspiration de Star Wars pour les combats.
Ensuite dans le monde actuel où on peut ou on veut obtenir tout, tout de suite et pouvoir faire ce que l’on veut, c’est une pratique assez antinomique. Le kendo, c’est difficile, c’est répétitif, les progrès peuvent être lents, la pratique est très codifiée. Cela nous ramène à une autre réalité. Les valeurs du kendo également, par exemple en compétition si l’on commet une faute, on ne conteste pas, mais on salue l’arbitre à la fois pour s’excuser d’avoir commis une faute et pour le remercier de nous montrer notre erreur pour nous aider à progresser. Et en cas de victoire ou de défaite, aucune émotion extérieure ne doit transparaître.
L’universalité de la pratique : tout le monde s’entraîne ensemble indépendamment de son âge, son genre, son niveau de maitrise, et tout le monde progresse ensemble. Les anciens aident les débutants à progresser en les faisant travailler.
Et la liste est encore longue : la médiation (mokuso) de début et fin d’entrainement, le travail sur soi, l’ambiance du club, …

Est-ce que le fait de pratiquer ensemble le kendo renforce votre relation père-fils ?

[Léopold] : J’aime bien pouvoir m’entraîner avec mon papa. Je suis content d’être avec lui sans mes sœurs. J’aime bien faire les katas avec lui. Et j’aimerais bien que ma maman fasse du kendo avec nous.

[Antonin] : L’entraînement permet de sanctuariser un temps ensemble. C’est l’occasion de partager une activité commune juste à nous deux. Et peut-être bientôt les premiers tournois ensemble comme les adultes et les enfants combattent en même temps.

Est-ce que vous vous motivez l’un l’autre pour aller à l’entrainement ou pratiquer à la maison ?

[Léopold] : Oui, enfin pas moi en tout cas. C’est plutôt papa qui me motive pour aller à l’entraînement. J’aimerais pouvoir faire des katas à la maison.

[Antonin] : C’est surtout moi qui le motive pour venir à l’entraînement. Le samedi matin il aurait des fois tendance à vouloir rester à la maison. Mais après il est toujours content d’être venu.
On pratique rarement en dehors. Parfois je travaille les déplacements de base. Sinon, quelques fois chez les grands-parents ou en vacances où il y a beaucoup d’espace je lui propose de faire quelques suburis ou katas, il me rejoint parfois. Il aime beaucoup les katas.

Quels sont les avantages que vous retirez de la pratique du kendo sur votre vie quotidienne ?

[Léopold] : Moi ça ne change rien. Si ce n’est que je suis plus explosif au sport à l’école.

[Antonin] : Déjà physiquement j’ai perdu les 2 ou 3 kg qu’il me restait suite aux confinements malgré la reprise du sport. Comme on peut le voir sur la photo, après 2h de kendo on est bien épuisé. Je dirais que je commence à moins réagir aux situations et aussi à revenir plus rapidement à un état calme. Une meilleure concentration, pratiquer le kendo sans être pleinement concentré n’est pas possible. Et aussi la recherche de faire plus les choses à fond au quotidien comme lors de chaque attaque au kendo qui se fait à pleine intensité.

Quels sont vos objectifs à court et à long terme au niveau de votre pratique du kendo ?

[Léopold] : Moi, c’est de passer mon 8ème dan et aussi être très très explosif. J’ai envie de faire de la compétition. Et j’aimerais aussi que d’autres enfants viennent pratiquer avec moi.

[Antonin] : Déjà, continuer à prendre du plaisir à l’entraînement et continuer à pouvoir m’entraîner deux fois par semaine pour progresser. J’ai pu faire mon premier championnat inter régions AURA catégorie kyusha en janvier dernier. L’année prochaine, mon objectif sera de ramener une médaille dans cette catégorie. L’année d’après, j’espère avoir suffisamment progressé pour passer mon premier dan.
Enfin, dans plusieurs années j’aimerais pouvoir faire un tournoi en équipe avec Léopold.