Interview de Mickaël Lachaux, préparateur physique des Crabos

Interview de Mickaël Lachaux, préparateur physique des Crabos

La préparation physique est un élément clé dans la pratique du rugby. Mickaël Lachaux est le préparateur physique des Crabos, après avoir débuté au Rugby à Bort les Orgues avec Cyril Chirier.

Interview

1/ Micka, tu as débuté le Rugby à 7 ans à Bort les Orgues, parle nous de tes débuts dans ce sport et ce qui t’as plu le plus pour en faire ton métier ?

J’ai débuté le rugby en Corrèze à Bort les Orgues, un peu poussé par ma famille et mon papa qui adore le rugby. J’ai touché à pas mal de sport, mais j’ai quand même rapidement accroché avec le rugby – les copains, les goûters, l’entraide, les règles de vie – j’en garde de très bons souvenirs, avec des éducateurs géniaux comme Fred Billou, Marco Delbos, ou Jo Velasco. Nous sommes toujours contents avec les gars de ma génération de se revoir et d’échanger sur nos saisons passées ensemble.
A la base je voulais travailler dans le sport, j’ai fait les études pour mais rien de très précis dans ma tête, j’ai quand même toujours gardé un pied dans le sport, en tant qu’éducateur par exemple, et de fil en aiguille, des opportunités se sont présentées à moi.

2/ Peux-tu nous expliquer la formation qui t’a amenée à devenir préparateur physique à l’ASM, et ce que tu aimes dans ce travail ?

J’ai un parcours un peu atypique, je n’ai pas terminé ma licence STAPS. Je me suis dirigé vers des BPJEPS. J’ai aussi passé les Brevet Fédéraux. Je viens de m’inscrire au CC PP de Marcoussis, c’est un diplôme que propose la Fédération pour homogénéiser notre métier, car il n’y a pas vraiment de diplôme spécifique pour être prépa.
Le métier de Prépa, c’est un métier dans lequel on doit être curieux, on doit savoir se remettre en question constamment. C’est un vrai outil pour le rugby. Ce qui me plaît, c’est d’aider des joueurs à se former, à évoluer, en tant qu’athlète et en tant qu’homme. Forcément quand on voit un jeune du centre monter en espoirs et/ou faire des feuilles avec les pros, c’est toujours agréable. Ils savent pourquoi ils sont là et ils bossent fort pour, donc ça fait plaisir !

3/ Tout d’abord peux-tu nous expliquer l’importance de la préparation physique, et ses différentes phases comme l’endurance, le gainage ou encore la musculation ?

Comme je t’ai dit précédemment, la prépa, c’est un outil supplémentaire et complémentaire à l’activité qu’est le rugby. On se doit de rendre les joueurs plus efficaces sur le terrain, plus forts, plus rapides, plus puissants, et de ce fait, plus efficaces. S’ils arrivent à être tout ça, ils seront meilleurs, et surtout moins blessés. (ce qui est quand même essentiel pour le joueur et l’effectif). J’ai plusieurs outils pour ça, la salle de muscu, le terrain, les séances de vitesse, les GPS, etc.
Il faut aussi s’occuper des blessés quand ça arrive, avec la réathlétisation, réhabilitation du joueur post blessure, en accord avec le médical et les kinés. On dit souvent que le joueur doit revenir meilleur après une blessure/opération.

4/ Après ta formation sur le tas, tu as commencé à ton poste de prépa physique avec les cadets, puis les Crabos, tu as été aussi numéro 2 avec Benoit Gay aujourd’hui chez les pros, qu’as tu appris à son contact ?

J’ai passé une saison complète avec Ben, je venais juste d’arriver, j’ai découvert le club, et son fonctionnement avec lui. Ben arrive à pousser les joueurs à leur limite, dans leur retranchement.

5/ Quelles ont été les plus grandes évolutions dans ton travail depuis que tu as
débuté ?

Ça évolue tous les ans, mais aujourd’hui le rugby est quand même porté sur la haute intensité, et sur la vitesse. Les joueurs doivent être capables de répéter des courses rapides, plusieurs fois dans le match – répéter l’intensité. Concernant la vitesse, il n’y a qu’à regarder la tv et se rendre compte que les joueurs rapides, sont souvent ceux qui marquent le plus, à l’image d’un Damian Penaud ou d’un Raka.

6/ Dans la partie musculation, comment assistez-vous les joueurs, comment gérez-vous le tempo de leur travail ?

En Crabos, c’est les années où les joueurs vont commencer à se développer. L’apprentissage technique a été fait en cadets. Ils ont trois séances/semaine en période de compétition : une séance de bas + vitesse, une séance de haut et une séance explosivité. Là c’est différent avec le covid, on n’a pas de match, donc on peut faire 4 séances/semaine.
Mon rôle c’est de les guider sur les charges, corriger techniquement sur des mouvements plus complexes, et sur des gainages spécifiques par exemple.

7/ Dans cette période où il n ‘ y a plus de matchs officiels, qu’est ce qui a le
plus changé pour toi ?

Tout ! Tout a changé ! Certains n’ont pas le droit à la musculation en intérieur, on n’a pas le doit au contact ni aux plaquages aux entraînements. Nos semaines sont différentes, nos groupes de travail sont différents. Sur une certaine période, Avec le staff nous avons fait le choix de faire des groupes de développement, donc chaque joueur avait son planning (nombre d’entrainement rugby, de muscu, de vitesse, d’extra cardio, etc). On était sur du développement pure et dure et individualisé. Nous venons de rechanger les plannings, et on s’entraîne tous les samedis, avec le vendredi qui est off. Nous avons aussi un groupe de muscu en intérieur et un autre en extérieur. On tente de modifier nos cycles et les emplois du temps pour les stimuler au maximum.
C’est compliqué pour les joueurs, ils pensent, et c’est légitime, que leur seule évaluation c’est le match du week-end, mais ce n’est pas tout à fait vrai. On cherche avec Philippe, Yoan, Joe et Louis, de nouveaux leviers de motivation, et il faut dire qu’avec ce groupe c’est assez facile … Pour ma part j’utilise énormément les GPS, car c’est factuel, je leur donne des objectifs à chaque fois plus élevés, à chaque entrainement et chaque semaine. Ils répondent présents !

8/ Un mot sur l’équipe Crabos et son staff

C’est une année particulière, mais on a la chance de pouvoir faire notre métier et notre sport, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, je pense au rugby amateur et à mes potes qui sont joueurs dans des clubs de fédéral par exemple. L’équipe crabos est franchement un groupe de bons mecs et de bons joueurs, un peu de regret de pas avoir de championnat car on a une chouette génération, on en parle tous les jours avec les coachs. C’est un vrai plaisir et ils nous facilitent vraiment la tâche !

Concernant le staff, il y a Yoan, Philippe et Joe en coachs. Et Louis qui nous a rejoint cette année en tant que stagiaire Préparateur Physique. C’est notre première année ensemble tous les cinqs, et ça fonctionne très bien, on se réunie souvent en réunion pour mettre de nouvelles choses en places, et la mayonnaise a bien pris entre nous tous. Maintenant, vivement que les matchs reprennent …