Bilan de la saison et perspectives

Bilan de la saison et perspectives

La saison 2018/2019 est maintenant terminée, l’heure est aux bilans. Tour d’horizons par Bertand Rioux, directeur du Centre de Formation de l’ASM.

Tout d’abord, il convient de dire que les résultats cette saisons sont très satisfaisants. Surtout le travail fourni par les différents staffs et les joueurs, dans toutes les catégories. «Les Espoirs, la qualification se joue à peu, une victoire oubliée en route. C’est dommage, ils terminent 3èmes de la poule avec une deuxième partie de saison superbe.» commence Bertrand. «Pour les Crabos, une cascade de blessures aux mauvais moments leur fait rater le coche en 1/8 finale. Le carré final était à leur portée, minimum.» En ce qui concerne les Cadets, le bilan sportif est très bon, mais c’est surtout l’avenir qui est intéressant. «Aussi bien en U15 qu’en U16, sportivement, les jeunes ont été très bons, avec de très beaux potentiels de la région, c’est de bon augure pour les années à venir. Maintenant, pour les U16, ils perdent en ½ finale aux tirs au but. La finale était largement possible. Mais auraient-ils été champions de France ? Aucune idée. Béziers était vraiment très fort.» rajoute Bertrand.

Il y a aussi de grosses satisfactions pour l’Ecole de Rugby. «On est moins regardant pour eux concernant les résultats. On veut surtout que les enfants se fassent plaisir. La compétition, ils la toucheront réellement plus tard. A l’Ecole de Rugby, on jette les base solides pour le futur.» Malgré tout, Bertrand Rioux relève le beau parcours des U14, qui échouent de très peu à se qualifier pour le Super Challenge de France, tout en ayant battu lors du Challenge Marcel Michelin l’équipe de Massy, qui remportera quelques semaines plus tard le Super Challenge de France.

Le fonctionnement de la Formation Clermontoise est simple. Avec un objectif très clair. «Les résultats sportifs sont importants, bien évidement. Ils font partie de l’apprentissage du haut niveau. Mais avant tout, notre métier est d’alimenter l’équipe pro. On travaille en fonction des besoins futurs de l’ASMCA. C’est pourquoi le rôle de Xavier Sadourny est primordial. Il permet d’avoir un lien encore plus fort entre nos 2 structures déjà intimement liées», précise Bertrand. En allant plus loin, nos jeunes joueurs et le staff bénéficient d’une structure forte, très moderne qui permet de faire un travail qui dépasse le cadre de l’ASM. En effet, grâce aux différents partenariats existants entre l’ASM et les clubs de la région, une véritable synergie s’est créée au fil du temps. A tel point que «l’ASM est presque devenue l’équipe d’un département, d’une région. Tout le monde pousse dans le même sens», se réjouis Bertrand.
Mais le travail du Centre de Formation, et aussi de la préformation ne se limite pas à ce qui est fait avec les joueurs déjà présents. Il faut aussi anticiper toute l’année, en observant les joueurs qui ne sont pas à l’ASM, mais aussi faire très attention aux joueurs qui sont déjà chez nous, repérer les joueurs qui ont le potentiels pour jouer un jour au Michelin. «Xavier s’occupe avant tout du sportif, et moi de la partie administrative, les contrats, avec un regard aussi sur le scolaire, même si cette partie est plus directement gérée par Lauriane et Julien. Xavier et moi avons des regards, très similaires sur le sportif, alors je l’aide dès que c’est possible. Mais sur ce point, ça reste lui qui a le dernier mot.» précise Bertrand, avant de rajouter «Xavier connaît par cœur les attentes des pros, quels sont les postes qui seront à pourvoir dans les années à venir. Mais attention, ce n’est pas forcément les joueurs sur lesquels on mise qui percent au plus haut niveau. Etienne Falgoux est un bon exemple. On savait que c’était un très bon élément. Mais quand il est passé pro, on n’imaginait pas forcément le voir en Equipe de France et dans le groupe des 36 pour la Coupe du Monde.»
Cette saison, nous avons eu 14 Espoirs, qui ont évolué avec les pros. Ce qui représente environ 5300 minutes de jeu. La saison précédente, on est monté à 6200 minutes, pour 21 joueurs. «C’est une formidable vitrine pour le club, de voir nos jeunes joueurs réussir à s’imposer autant avec les pros. Ca met en avant tout le travail du joueur pour y arriver et bien sûr le travail des encadrants, staffs, dirigeants.» précise Bertrand. Ca permet aussi de faire souffler les joueurs pros à certains moments et d’avoir un effectif assez complet en fin de saison pour les phases finales. Sans compter que le jeune joueur gagne en expérience. «c’est extraordinaire pour un jeune de joueur la Coupe d’Europe, aussi bien la Champions Cup que le Challenge Européen. Il faut du caractère pour aller jouer à Timisoara et gagner là-bas». Mais toutefois, Bertrand Rioux met en garde sur ces chiffres de participation des Espoirs avec les pros «c’est un peu trompeur de ne regarder que ces chiffres sans creuser. Damian Penaud, qui est toujours joueur Espoirs totalise à lui tout seul plus de 1500 minutes de jeu». Dans le détail, la majorité des joueurs ont gagné en temps de jeu. Parfois énormément. Jacobus Van Tonder par exemple. Il était à une vingtaine de minutes en 2017/2018. Cette saison, il dépasse les 500 minutes. Bertrand rajoute, avec une fierté légitime «en 2017, on aide à faire gagner le Bouclier de Brennus. En 2018, on permet à l’équipe pro, peut-être pas à se maintenir, mais à exister dans une saison rendue compliquée avec l’avalanche de blessés. Et en 2019, on aide à aller en finale Top14 et à ramener le Challenge Européen.»

La saison prochaine, dans la catégorie Espoirs, plusieurs changements dans le règlement prennent effet. A commencer par un abaissement de l’âge maximal de la catégorie (de 22 ans à 21 ans) ou encore l’interdiction de faire jouer des joueurs pros avec les Espoirs. «Nous, à l’ASM, ça ne change pas grand-chose. On a toujours pris le parti d’avoir une équipe jeune, pour que les joueurs puissent s’aguerrir le plus tôt possible. Si on prend le titre de la saison 2017/2018, l’équipe avait à peine plus de 19 ans de moyenne d’âge. De loin la plus jeune équipe du Championnat», précise Bertrand. En ce qui concerne l’interdiction de faire jouer les pros avec les Espoirs, le discours de Bertrand est radical. «Ce n’est pas notre politique de faire évoluer les pros avec les Espoirs. Ca ne sert ni le joueur professionnel, ni les Espoirs. Ces nouvelles directives, l’ASM les défend depuis plusieurs années. Alors ça changera peut-être quelque chose pour certains clubs, mais pour nous, ça ne change rien.»

Pour la saison prochaine, il y a très peu de recrutements externes. «On se base sur des joueurs internes, solides et à potentiels. Pour le Centre de Formation, sur les 6 nouveaux joueurs sous convention, 3 viennent de l’extérieur. Ce qui correspond à l’objectif du club, 50% de l’effectif professionnel issu de la formation interne.» Sportivement, l’encadrement continuera de ne pas fixer d’objectif sportif collectif. «Un titre, bien sûr que c’est une bonne chose, ça fait partie de la formation. Mais on privilégie le joueur». Bertrand précise que la volonté du club, quelle que soit la catégorie, c’est d’être «exemplaire, sur et en dehors du terrain, ici ou en déplacement. Les joueurs bien sûr, mais aussi l’encadrement, le staff. C’est primordial.»
Dans le fonctionnement, les Espoirs continueront à s’entraîner avec les pros, pour les plus gros potentiels. Cette année de Coupe du Monde est particulière, ce sera à chacun de saisir l’opportunité qui lui sera donnée de s’imposer, durer avec les pros. Les relations entre le Centre de Formation et l’équipe pro continueront à se renforcer. «Avec les différentes réformes, tout le monde est hyper intéressé par les JIFF. Alors on se doit de rester sinon 1er, au moins dans le haut du panier. Le club, est la condition sine qua none pour que l’équipe pro existe.» Il est difficile de rester au plus haut niveau sur la durée. Alors il faut «travailler toujours plus pour que nous ayons les meilleurs joueurs à potentiels. Tout en veillant à ce que les relations avec la scolarité, l’université soient les meilleures possible. C’est un tout. C’est compliqué de réussir à tout mêler, mais on n’a pas le choix si on veut rester toujours aussi performants.»

La saison prochaine, tient à préciser Bertrand, «nous continuerons à tout faire pour que le joueur soit dans les meilleures conditions pour progresser. Dans le rugby évidemment. Mais également dans sa scolarité, dans un projet qui lui ressemble. Je veux que le joueur ne mette pas tout le même panier. On veut impérativement préparer l’à-côté. Au cas où. Ca coûte cher, mais c’est efficace.» Il n’empêche qu’il faut aussi garder un œil attentif sur les joueurs qui n’ont pas particulièrement de projet en-dehors du rugby, et réussir à leur faire comprendre qu’arriver à faire carrière dans le rugby est très difficile. Ils doivent aussi comprendre qu’une carrière peut s’arrêter à tout moment, à cause d’une blessure, par exemple. C’est pourquoi, conclut Bertrand, «Nous sommes convaincus qu’un joueur doit avoir un projet extra-sportif pour être pleinement épanoui, sur et en-dehors des terrains».



Texte : JB/ASM Omnisports Rugby
Photo : Renaud Baldassin